Technique et matériel de dessin

Faire un dessin astro, c'est comme faire un portrait d'une personne ou saisir un paysage : il faut être fidèle dans le trait, respecter les formes et les proportions, mais aussi faire ressentir la matière, le volume, et parfois même le mouvement.

Partant de là, toutes les techniques du dessin traditionnel sont valables en dessin astro. Malgré tout, on peut ne jamais avoir suivi aucun cours de dessin (comme la plupart des astro-dessinateurs) et s'en sortir tout à fait honorablement.

Ce qui fait la spécificité de l'astro-dessin, c'est la difficulté à voir et à décrypter le sujet dessiné. En effet, l'image observée est le plus souvent petite, ou mouvante, ou peu lumineuse, ou floue, ou peu contrastée, ou tout ça à la fois. Le cerveau travaille dans des conditions inédites, et au départ il faut véritablement l'éduquer à décoder le stimulus envoyé par l'oeil. C'est l'expérience qui fait progresser dans ce domaine.

 

Planchette et éclairage

Ma planchette à dessin est très simple : comme elle est destinée à être tenue à une seule main, elle a été construite légère. Ses dimensions surpassent à peine le format A4 (voir l'image ci-contre sur laquelle la feuille est de ce format) et elle a été découpée dans une planche de contre-plaqué de 5mm. Les feuilles y sont maintenues grâce à une pince visible sur l'image.

La lampe est un détournement de liseuse Ikea. Le spot d'éclairage qu'elle procure est bien homogène. Sa pince tout comme son col articulé sont parfaits pour notre usage. La LED fonctionne sous 6V, j'ai donc enlevé le petit transformateur pour l'usage sous 220V et l'ai remplacé par deux fiches bananes, permettant la déconnexion de la planchette pour le transport à plat. Sous la planchette se trouve l'alimentation (piles de 1,5V en série), j'ai confectionné un boitier en CTP pour l'y enfermer, il sert aussi de poignée ce qui est meilleur pour l'ergonomie d'une tenue à une seule main.

Pour le dessin des planètes, je laisse l'éclairage à fond, en blanc.

Pour le dessin du ciel profond, j'installe un filtre rouge devant le capot de la LED. C'est tout simplement un filtre astro en 31,75 que je scotche (scotch toilé) sur la tête de la lampe. Le potentiomètre (bouton noir sous les fiches bananes) ne me sert finalement pas : pour voir correctement ce que je dessine, j'ai besoin de garder un niveau d'éclairage fort, je laisse donc le potentiomètre au maxi et j'attribue à chaque oeil sa fonction :

l'oeil droit observe, et quand j'allume la lampe je le ferme pour éviter de l'éblouir, c'est l'oeil gauche qui dessine.

Le papier

J'aime le papier assez lisse, dont le grain est quasi invisible dans le résultat final, quitte à ce que le pigment accroche plus difficilement qu'avec le classique C à grain. J'utilise le papier Canson Technique blanc lisse à 160g/m² pour mes dessins planétaires, lunaires, solaire et de nébuleuses.

Pour les galaxies, je recherche le rendu le plus lisse possible, sans grain. Après une période pendant laquelle j'ai utilisé du calque (bien adapté question rendu mais fragile et qui a la mauvaise manie de se gaufrer avec l'humudité), j'en suis venu à prendre du papier bristol. Cette carte épaisse est extrêmement lisse, la mine glisse dessus, au point qu'un crayon de couleur n'y laisse quasiment pas de trace. Mais je dessine les galaxies au crayon graphite, celui-ci parvient à se déposer sans trop insister sur le crayon. L'avantage du bristol : le graphite s'étale très bien avec un crayon-estompe, ce qui donne un rendu très fondu des galaxies qui correspond bien à l'aspect diffus que ces objets prennent à l'oculaire.

Les crayons

Au niveau des crayons, le graphite est utilisé pour les croquis de la Lune, du Soleil et des galaxies. Le porte-mine HB 0,5 a le gros avantage de toujours donner un trait vraiment fin, pas besoin de le retailler dans la nuit. C'est idéal pour la Lune et le solaire. Pour les galaxies, je prends plutôt un "crayon de bois" (de marque Derwent) dont la mine émoussée est plus adaptée au rendu fondu, HB pour l'esquisse, puis le grade 3B pendant la phase de finalisation en pleine lumière, pour accentuer les zones les plus lumineuses de la galaxie.

Les planètes présentent des couleurs à l'oculaire, parfois vives. Le mieux est de dessiner directement aux crayons de couleurs, quitte à n'utiliser que peu de nuances lors de l'esquisse, puis de préciser et d'enrichir les teintes plus tard, pendant la finalisation. Pour entretenir la finesse de la mine, il ne faut pas hésiter à retailler aussi souvent que nécessaire. Le mieux est d'utiliser un taille-crayon à manivelle, il ne casse pas la mine.
Les crayons de couleurs que j'utilise sont des Polychromos de la marque Faber-Castell, ainsi que des Prismacolor (crayons de la photo de gauche) .


Ils sont intéressants sur les planètes, mais aussi sur les nébuleuses : un travail par couches successives légères permet d'obtenir un rendu tout en nuances, et si nécessaire très fondu. En ciel profond, si les images sont la plupart du temps sans couleurs, il y a tout de même des sujets qui montrent des teintes, comme M42 ou les nébuleuses planétaires lumineuses.

Notons une spécificité du dessin du ciel profond : plutôt que de dessiner avec des crayons clairs sur papier noir, je préfère tracer mon croquis sur papier blanc, en «négatif». Ainsi, les formations qui sont vues brillantes sont dessinées sombres. Après passage au scanner, le dessin subit une inversion de couleurs, rendant à l'objet dessiné sont aspect tel que vu dans le ciel, c'est-à dire clair sur fond noir. Pourquoi procéder ainsi ? Parce que je trouve que les possibilités graphiques sur papier blanc sont bien plus étendues, et parce qu'il n'est pas évident de voir sa feuille noire dans l'obscurité ! Cela veut aussi dire qu'en utilisant la couleur, il faut anticiper sur la teinte obtenue après inversion. Il est donc intéressant d'établir un nuancier inversé de ses crayons de couleurs, comme le montre l'image de gauche, et de coller sur le crayon une étiquette mentionnant la couleur complémentaire obtenue après scan et inversion.

Pour la gomme , le mieux est la classique gomme en plastique blanc, qu'on peut martyriser à loisir au scalpel pour tailler des bouts pointus, et ainsi gommer précisément de petites zones. N'oublions pas qu'une gomme n'est pas qu'un outil de correction, mais aussi un outil de dessin : elle sert à «ouvrir des blancs» lorsqu'on veut faire apparaître une zone plus claire que le reste. Cela sert aussi bien pour les planètes que pour les objets nébuleux, pour le graphite comme pour le crayon de couleur.

 

Retour accueil

 

Copyright © 2018 Frédéric Burgeot | propulsé par la Compagnie des médias